L’Université de Montpellier a organisé, en collaboration avec l’Université Catholique de Lille, le Louvain Learning Lab et le CNAM, un Symposium ayant pour thématique « Apprendre de l’avenir » à travers trois approches :
- 2010-2020 : Développement de trajectoires, 10 ans de transformations pédagogiques… et après ?
- 2020-2021 : Sidération, accélération, dégravitation
- 2021-2031 : Apprendre de l’avenir
Une délégation de l’Université Catholique de Lille, constituée de Carole Blaringhem, Jean-Charles Cailliez, Frédéric Guilbert, Benoît Saguez, Thierry Sobanski, s’est rendue sur place, et vous propose une synthèse des échanges.
Vous pouvez également retrouver un résumé de l’évènement sur le site de l’Université de Montpellier
2010-2020 : développement de trajectoires, 10 ans de transformations pédagogiques… et après ?
Pour la première demi-journée, les participants étaient répartis en 4 groupes, et différents points ont été remontés :
- Les appels à projets sont un levier très important pour l’innovation pédagogique. Le fait de débloquer des moyens financiers et humains permet de faire bouger les choses au sein des universités. Mais une question reste en suspens : comment pérenniser ces projets, et faire en sorte qu’ils puissent continuer après la fin des financements ?
- L’innovation pédagogique : s’est beaucoup développée entre 2010 et 2020, et a permis de faire ressortir des notions essentielles dans les formations actuelles, telles que l’approche par compétences ou les softs skills. Le numérique doit servir l’innovation pédagogique, mais ne doit pas être une fin en soit, et surtout il doit être simple d’utilisation.
- L’étudiant : il est important d’acculturer les étudiants à l’innovation pédagogique, de lui faire prendre l’habitude de travailler différemment, sinon il y a un risque de réticence. Il est nécessaire de rendre l’étudiant acteur de son parcours, en l’impliquant notamment dans les processus de décision au sein des différentes instances des universités.
- Les communautés : il est important de partager et de mettre en avant les bonnes pratiques, les innovations pédagogiques ainsi que les enseignants qui les mettent en place. Il est également nécessaire de mettre en relation certains acteurs (par exemple des ingénieurs pédagogiques avec des étudiants), de mettre en place des communautés entre établissements, mais aussi avec le monde professionnel.
2020-2021 : Sidération, accélération, dégravitation
La deuxième demi-journée s’est déroulée sous forme de témoignages. 4 types d’acteurs ont pu prendre la parole pour transmettre leur vécu de la crise liée au covid-19.
- Du point de vue de la pédagogie
Tout ce qui se faisait en physique, a dû se faire dernière un ordinateur, même pour des cours complexes, comme des TP de sciences par exemple. Cette difficulté technique a donc demandé aux équipes pédagogiques de faire un choix dans le contenu à transmettre aux étudiants et de garder l’essentiel, le noyau de la formation proposée.
De nouveaux outils ont été découvert durant cette crise, il est maintenant nécessaire de faire des choix parmi ceux-ci. Il est essentiel de garder les modifications de la pédagogie liées à ces outils : vidéos, interactivité, etc. Mais l’apport humain doit rester une priorité, il faut garder les échanges qu’ont pu avoir les étudiants et les enseignants durant cette période.
- Du point de vue des espaces d’apprentissage
La crise nous a montré qu’il fallait créer de nouveaux espaces d’apprentissage, que ce soient numériques, comme physiques. Une harmonisation des outils est d’ailleurs importante : durant les confinements, on avait des espaces différents suivant les cours, les enseignants, les promotions, etc. ce qui a pu poser des difficultés.
La crise a aussi montré qu’il y a une disparité autour de la question du numérique, par exemple, certaines personnes n’ont pas accès au matériel nécessaire, ou d’autres n’ont pas les compétences pour utiliser les outils.
Il y a certes eu beaucoup d’innovation et de mouvement durant cette période, mais cela demande beaucoup d’énergie, il est donc très compliqué de garder cette synergie sur du long termes, à moins de débloquer des moyens humains et de former massivement, tout en y allant progressivement.
- Du point de vue des outils et de la technologie
Au début, la crainte que les outils ne fonctionnent pas correctement s’est installée, car ils n’étaient pas dimensionnés pour un enseignement à distance massif. Les équipes d’accompagnement ont été démunies face à la demande massive, avec un besoin de formation rapide. Il est donc nécessaire de renforcer ces équipes, mais aussi de faire un choix dans les outils utilisés : il n’est pas possible d’accompagner sur tous les outils.
Une réflexion doit être faite sur la mutualisation des outils et des ressources, pour éviter de multiplier les coûts inutilement (pour les serveurs informatiques par exemple), mais aussi d’essayer de se rapprocher de la souveraineté numérique.
- Du point de vue des étudiants
Les échanges avec les enseignants ont été plus réguliers durant la crise, les étudiants ont eu le sentiment d’être écouté, ces derniers craignent d’ailleurs que cela change avec la reprise du présentiel.
Comme pour les enseignants, les étudiants ont besoin d’un temps d’adaptation aux outils, et des inégalités existent également du point de vue des pratiques ou du matériel.
2021-2031 : Apprendre de l’avenir
La dernière demi-journée s’est faite autour d’un jeu de carte permettant de se projeter sur l’université de 2031. Concrètement voici ce qui en est ressorti :
- L’étudiant est acteur de son parcours : il construit sa formation en fonction de ses besoins et de ses envies, il est au cœur des processus de décision.
- Les formations : sont adaptatives et flexibles, avec une multiplication considérable des micro-formations, ainsi qu’un apprentissage tout au long de la vie.
- La technologie : est au service de la pédagogie, a un sens et n’est pas une fin en soi.
- Les espaces d’apprentissage : ont évolué, les campus sont physiques et virtuels